L’ISIFC s’agrandit pour relever les défis du secteur des dispositifs médicaux

04/04/2025

ISIFC Besançon - Étudiants remise de diplômes
Les promotions d’environ 50 élèves passeront progressivement à 75 étudiants par an.

À la croisée du monde technique, médical et règlementaire, l’Institut Supérieur d’Ingénieurs de Franche-Comté (ISIFC) est la seule école en France à proposer des formations dédiées à la conception de dispositifs médicaux. Sur ce marché en pleine effervescence, la compétence de ces ingénieurs spécialisés est de plus en plus recherchée. Pour répondre aux besoins des entreprises du secteur et au vœu de candidats toujours plus nombreux à postuler, l’ISIFC a pris ses quartiers dans un nouveau bâtiment plus vaste et moderne, situé rue de l’Observatoire à TEMIS. Objectif : doubler le nombre d’ingénieurs formés. 

Implantée depuis 2001 à TEMIS, l’ISIFC reste fidèle à la Technopole. Pour accompagner son développement, elle a simplement troqué ses locaux historiques de la rue Savary pour un bâtiment plus vaste et moderne, rue de l’Observatoire. Avec une surface initiale de 1 800 m² et une extension de 800 m² prévue d’ici trois ans, ces nouveaux locaux permettent à l’école d’anticiper la croissance de ses effectifs et de mieux répondre aux attentes croissantes des entreprises du secteur. « Notre approche n’est pas de doubler les promotions car nous tenons à préserver l’identité familiale de l’école et une certaine proximité avec les étudiants », précise Vincent Armbruster, directeur de l’école. Classée 2ᵉ meilleure école d’ingénieurs de France (catégorie -500 étudiants) au classement Happy At School 2024, l’ISIFC mise sur une croissance progressive des effectifs : les promotions d’environ 50 élèves passeront progressivement à 75 étudiants par an (60 cette année), avec en parallèle l’ouverture d’une nouvelle formation en apprentissage. Doté d’un amphithéâtre de 150 places, de salles de travaux pratiques et d’équipements de pointe, le nouveau bâtiment permettra à l’ISIFC d’accueillir jusqu’à 300 étudiants au total d’ici cinq ans.

Former 1000 cadres règlementaires en 5 ans avec ARCliMeD 

Former davantage d’ingénieurs, c’est aussi répondre aux besoins d’un secteur où les réglementations européennes se renforcent, imposant une expertise toujours plus pointue. En effet, le scandale sanitaire des prothèses PIP au début des années 2010, a conduit à une révision en profondeur de la réglementation européenne sur les dispositifs médicaux. Désormais, les Règlements européens imposent aux entreprises et aux organismes notifiés (entités accréditées pour évaluer la conformité des produits aux normes européennes) d’identifier des experts dédiés à la conformité réglementaire. Leur mission : garantir l’application stricte des règles, prévenir les infractions et assurer que les acteurs du secteur respectent pleinement les obligations légales de l’Union européenne. Seulement, 75 % des entreprises peinent aujourd’hui à recruter ces profils spécialisés. « Sur les 50 ingénieurs diplômés chaque année à l’ISIFC, seuls 35 % s’orientent vers les affaires réglementaires. Pourtant, c’est un métier bien plus attractif qu’on ne l’imagine, car il est très transversal et implique une forte présence sur le terrain », souligne Vincent Armbruster. C’est dans ce contexte que l’ISIFC, avec ses partenaires universitaires et professionnels, a lancé le projet ARCliMeD (Affaires Réglementaires et Cliniques pour l’industrie du Dispositif Médical). Lauréat du programme France 2030, ce dispositif ambitieux vise à former 1 000 spécialistes en cinq ans. Il réunit huit universités, le SNITEM et plusieurs industriels du secteur pour accélérer l’accès au marché des dispositifs médicaux tout en garantissant la sécurité des patients. « Ce projet, aux enjeux à la fois nationaux et européens, cible les besoins des entreprises et inclut des parcours de formation variés pour les professionnels et étudiants. Par ailleurs, nous voulons dynamiser quelque chose qui n’existe pas en France en développant un volet universitaire en sciences de la réglementation. » À noter que depuis quelques années déjà, l’ISIFC propose un diplôme universitaire en affaires réglementaires, d’une cinquantaine d’heures, à destination des entreprises souhaitant former leurs collaborateurs en interne.

Une formation unique en France

Si cinq écoles françaises proposent une formation en génie biomédical, l’ISIFC est la seule à se consacrer exclusivement au dispositif médical, de sa conception à sa mise sur le marché, en passant par la fabrication et la validation. Implantée sur TEMIS, au cœur d’une région classée 2ᵉ en France pour le nombre de sous-traitants spécialisés dans ce secteur, elle joue un rôle central dans cette dynamique. Chaque année, près de 50 ingénieurs diplômés (recrutés à parts égales sur concours et sur entretien/dossier), sortent de ses rangs, dotés d’une triple compétence technique, réglementaire et médicale. « Nous sommes de plus en plus identifiés en France car nous sommes les seuls à proposer cette formation. En concours prépa, nous sommes même l’école la plus sélectionnée en vœux 1. » Formés sur trois ans, les étudiants (2/3 de filles 1/3 de garçons) viennent de toute la France (dont 25% de Bourgogne-Franche-Comté) et même de l’étranger : Gabon, Tchad, Maroc, Tunisie… Les entreprises sont nombreuses à solliciter leurs compétences : pas moins de 35 offres de contrats pros et 200 offres de stage sont émises chaque année, pour une cinquantaine d’étudiants candidats. En sortie de formation, l’insertion professionnelle est excellente : plus de 82 % des diplômés trouvent un emploi en CDD ou CDI dans les deux mois suivant la remise de leur diplôme. La plupart d’entre eux s’installent en Bourgogne-Franche-Comté (27%), en Auvergne-Rhône-Alpes, haut lieu de fabrication de dispositifs médicaux (24 %) mais aussi en Suisse (17 %).  

Une chaire de technologie pour la santé

« C’est notre première chaire industrielle, voire la première de l’Université », se réjouit Vincent Armbruster. Signée le 14 mars 2025 entre l’Université Marie et Louis Pasteur et l’entreprise STATICE spécialisée dans la conception et la fabrication de produits microtechniques pour le secteur médical, cette chaire vise à renforcer l’accompagnement de l’école sur des enjeux majeurs : formation, emploi et innovation. « Il s’agit d’une chaire multipartenaires et l’entreprise STATICE est la première à la signer. Au-delà de l’apport financier, elle mettra à disposition son personnel pour 50 heures de formation sur les volets réglementaire, commercial et RH. Elle nous aidera également à réaliser des prototypes », précise-t-il. Objectif : apporter aux étudiants une meilleure compréhension des besoins des industriels. Une démarche qui renforce encore le lien entre le monde académique et les entreprises du dispositif médical afin de répondre aux défis technologiques et humains de la santé de demain.

Le futur Campus des Métiers et des Qualifications en Santé : structurer une filière encore trop peu visible

Face aux défis de la compétitivité et de l’innovation, la France a mis en place un réseau de Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ), visant à renforcer les liens entre l’enseignement secondaire, supérieur et le monde de l’entreprise. Labellisés par l’État, ces campus constituent de véritables plateformes stratégiques pour former les talents de demain et accompagner les mutations industrielles. Actuellement en phase de préfiguration sous l’impulsion de l’ISIFC, le Campus des Métiers et des Qualifications en Santé s’organise à grands pas. « Nous avons un réel enjeu de visibilité : on parle beaucoup du secteur de la santé sous l’angle des soins, mais très peu des métiers techniques associés. Pourtant, Besançon et la région comptent de nombreuses entreprises innovantes – 93% de TPE et PME – dans le domaine du dispositif médical », souligne Vincent Armbruster. Structuré autour de trois pôles principaux rayonnant sur toute la Bourgogne-Franche – Nevers, Besançon et Dijon – ce campus couvrira un large éventail de compétences : dispositifs médicaux, pharmacie, biothérapie, intelligence artificielle et soins à la personne. Son ambition ? Structurer une offre de formation cohérente, en phase avec les besoins industriels. « Ce Campus nous a notamment permis de cartographier l’offre de formation existante en région. L’idée c’est de se dire : comment allons-nous former des techniciens et des ingénieurs, voire des docteurs ou des Bac pro, pour répondre aux besoins exprimés par les entreprises du territoire ? », explique Vincent Armbruster. Si la candidature officielle à la préfecture est encore en préparation, la dynamique est déjà lancée, avec un réseau d’acteurs locaux mobilisés.

  • Contact : Vincent Armbruster, directeur de l’ISIFC – Tél. 03 63 08 21 23 – Mail : isifc@univ-fcomte.fr