03/04/2025

L’offre d’enseignement supérieur en Bourgogne-Franche-Comté franchit une étape majeure avec l’inauguration du nouvel Institut de Formation aux Professions de Santé (IFPS) Paulette Guinchard. Implanté au cœur de TEMIS Santé à Besançon, ce bâtiment moderne et écoresponsable de 7 000 m² marque un tournant décisif pour la formation des futurs soignants.
Plus proches des professions de santé du CHRU de Besançon, des fonctions mais aussi des services universitaires… Telles étaient les ambitions premières de l’institut flambant neuf, financé à hauteur de 31 millions d’euros par la Région.
Inauguré lundi 17 mars en présence de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, de Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, d’Anne Vignot, maire de Besançon et présidente de Grand Besançon Métropole et de nombreux autres élus locaux, ce nouvel établissement moderne et fonctionnel offre désormais des conditions d’apprentissage optimales aux 1000 étudiants accueillis chaque année.
Un ancrage stratégique à TEMIS
Exit les anciens locaux vétustes et dispersés entre l’hôpital Saint-Jacques et le site des Tilleroyes. En intégrant TEMIS Santé sur le site des Hauts du Chazal, à proximité immédiate du CHU de Besançon et de l’Université Marie et Louis Pasteur, l’IFPS Paulette Guinchard s’installe au cœur d’un écosystème dynamique facilitant les passerelles entre formation et pratique, enseignants et soignants. Un emplacement idéal et des conditions d’apprentissage exceptionnelles qui renforcent l’attractivité et l’excellence de la formation paramédicale dans la région. « Aujourd’hui, le secteur est confronté à des désaffections qui minent les établissements de santé et de nombreuses professions. Ce qui est en jeu, c’est l’attractivité même des métiers et des conditions d’exercices », souligne Marie-Guite Dufay. À savoir que 9 aides-soignants de l’IFPS sur 85 ont abandonné leur formation en 2023-2024 (dont 4 réorientations) ainsi que 40 infirmier·es (24 en 1ere année, 6 en 2nde et 11 en 3e). L’enjeu est donc double : former davantage d’infirmier·es et améliorer l’attractivité des postes pour fidéliser les jeunes professionnels sur le long terme.
L’IFPS accueille 13 formations dispensées par le CHRU dans les domaines du paramédical et de l’assistance aux soins : aide-soignant (97 places/an hors apprentissage), infirmier (166), infirmier anesthésiste (20), infirmier de bloc opératoire (30), ambulancier (50), auxiliaire ambulancier, assistant de régulation médicale (15), auxiliaire de puériculture (30), puériculteur (20), cadre de santé (35), ainsi que des cursus en masso-kinésithérapie, psychomotricité et ergothérapie assurés par l’université.
Un bâtiment durable et fonctionnel
Il aura fallu 10 ans dont trois ans de travaux pour que cette infrastructure d’envergure sorte de terre. Imaginée par le cabinet Epicuria, elle se distingue par son efficacité énergétique et environnementale. Précurseurs dans le domaine, les acteurs du projet ont devancé la réglementation RE2020 pour en faire un véritable laboratoire : ossature bois, matériaux biosourcés, conception bioclimatique, utilisation d’un réseau de chaleur, adaptation à l’énergie photovoltaïque, système de rafraîchissement naturel et optimisation de la lumière naturelle… Son architecture en terrasses, ouverte sur l’hôpital, illustre symboliquement la nouvelle synergie entre les établissements. Un parking souterrain d’une centaine de places, cinq amphithéâtres et de nombreuses salles de cours complètent les infrastructures. Conçus pour une approche pédagogique innovante, ces espaces permettent aux futurs soignants de se former dans des conditions proches du réel, à l’image des environnements hospitaliers et médico-sociaux.
Former pour répondre aux besoins du territoire
Les étudiants de l’IFPS viennent en majorité du Doubs et de la Franche-Comté, avec quelques effectifs en provenance de Bourgogne, du Grand Est et d’Auvergne-Rhône-Alpes. Mais une constante demeure : la plupart d’entre eux choisissent de rester en Franche-Comté après l’obtention de leur diplôme et intègrent les établissements de santé locaux. Une tendance précieuse pour un territoire en tension, où le manque de soignants se fait cruellement sentir. « Idéalement, le CHU pourrait recruter, selon les années, jusqu’à 250 infirmier·es par an. En 2023, 210 infirmier·es ont rejoint l’établissement et 175 en 2024. Malgré ces recrutements, les besoins ne sont pas totalement couverts : actuellement, environ 40 postes soignants restent vacants, auxquels s’ajoutent 15 postes d’Ibode (Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d’État) indispensables au bon fonctionnement des blocs opératoires », souligne Fabienne Paulin, directrice de l’établissement. Si la situation du CHU « n’est pas critique », la tension est plus marquée à l’échelle régionale, où la demande reste forte, aussi bien dans les établissements hospitaliers que dans le secteur libéral. Une réalité qui souligne l’importance du rôle de l’IFPS dans la formation et la fidélisation des soignants sur le territoire.
L’importance de la formation face aux enjeux futurs
L’IFPS porte désormais le nom de Paulette Guinchard, en hommage à cette grande figure de la politique sociale française, ancienne secrétaire d’État aux personnes âgées et soignante de formation. Son engagement en faveur de l’autonomie des personnes âgées et de la formation des soignants trouve une résonance particulière au sein de ce nouvel institut. « Paulette Guinchard avait compris, bien avant la conscience collective, que notre société devait devoir relever l’immense défi du vieillissement de la population. En franchissant les portes de l’IFPS qui porte son nom, j’invite les étudiants à se souvenir que ce nom incarne pleinement le sens de leur engagement pour la santé de leurs concitoyens », a déclaré la présidente de région. En effet, les derniers chiffres communiqués par le gouvernement sont alarmants et posent des défis majeurs aux établissements de santé sous pression : entre 2020 et 2030, le nombre de Français âgés de 75 à 84 ans, va connaître une augmentation de 50%, passant de 4,1 millions à 6,1 millions*.
Face à ces défis démographiques et aux enjeux croissants de la prise en charge des patients, l’IFPS Paulette Guinchard relève le défi d’attirer et former la relève pour garantir un système de santé durable.
« Donner le nom de Paulette Guinchard à l’IFPS incarne l’engagement d’une femme dévouée aux bien-être de nos aînés et offrira une source d’inspiration précieuse aux étudiants qui y poursuivront leur formation » Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
* Sources : info.gouv